LA SYNTHESE

Méthode officielle

      SYNTHÈSE (40 points)

 

 

1)     L'INTRODUCTION

Elle doit comporter trois éléments essentiels :

a) La présentation du thème commun

  • La présentation du thème, ne doit pas se contenter de reprendre le libellé des thèmes annuels, mais cherchera à trouver la spécificité du dossier par rapport au thème dont il est issu :Le rire et les humoristes, les objets et les dépendances...
  • On ne commencera jamais par un démonstratif: « Ces documents nous invitent à..., ce dossier traite du thème de... » II s'agit là d'une faute de logique.
  • Formule rituelle ,   exemple d'actualité, historique ou littéraire, l'essentiel
    est que les premières lignes n'allongent pas l'introduction et qu'elles ne remontent pas au déluge :
    « De tout temps, les hommes... ». 

N.B. La présentation des documents et leur caractérisation n'est plus nécessaire depuis la réforme de l'exercice en 2007.

 

b) La formulation d'une problématique

  • La problématique, c'est la question soulevée par l'ensemble du dossier.
    • Le plus habile est d'utiliser effectivement une question directe (c'est-à-dire se finissant par un point"
      d'interrogation), en faisant bien attention à ne pas multiplier les questions". 'On a parfois vu de bonnes problématiques avec deux questions, la deuxième précisant la première. On n'a jamais vu de problématique, viable avec trois questions : il y a généralement confusion avec le plan.

c) Le plan, ce sont les- deux ou trois axes d’étude répondant à la question générale de l'étape précédente.

  •   Le « nous » de"modestie est accepté pour l'annonce du plan. On essaiera de l'éviter dans le coeur de la synthèse.
  • L'introduction forme un tout logique, elle doit donc se présenter sous la forme d'un seul paragraphe. Certains" aiment faire un deuxième paragraphe pour mettre en valeur le plan. Dans tous les cas, éviter une rédaction en trois « versets », malgré la démarche ternaire de l'introduction.
  • Quoi qu'il en soit, après l'introduction, on sautera une ligne ou deux pour matérialiser le passage de l'introduction au "développement.

 

2)   LE DÉVELOPPEMENT

  • La présentation des documents ne se fait plus dans l'introduction depuis 2007. Le but de cette suppression était d'alléger des introductions qui s'étiraient sur une à deux pages, pour autant, il faut
    bien les présenter au moment de leur première utilisation dans le développement.
  • les documents ne seront jamais désignés par leur numéro dans le devoir et a fortiori par
  • doc. 1, doc. 2, doc. 3. Lors de la première apparition du document dans la synthèse, on indique l'auteur et on donne le titre du document, sans oublier de le dater.
  • Après, on peut utiliser le nom de l'auteur ou le titre du document ou encore une caractéristique de celui-ci, si elle est unique : le poème, l'article  du quotidien, la photo de l'hebdomadaire, l'essai,.etc. Bien respecter la typographie des titres.
  •  Dans un manuscrit, la partie est entre guillemets (titre de poème, d'article de presse, etc.) et le tout est souligné (titre du recueil, du quotidien ou du magazine, etc.).  La typographie des textes imprimés est différente, la partie (titre de poème, d'article de presse, etc.) y est entre guillemets et le tout (titre du recueil, du quotidien ou du magazine, etc.) en italique.
  • Ne sélectionner que les données significatives, par exemple la mention de l'éditeur est souvent inutile.
  • Montrer la spécificité de chaque" document en soi, si vous en êtes capable" 'Par exemple, ne ... confondez .pas un roman et un essai et vice versa. Sinon parlez d' « ouvrage ». De même, pour ' l'auteur. 
  • Ne pas confondre la date de rédaction et celle- de l’édition de poche. La date peut simplement être mise entre parenthèses, mais elle est essentielle, si on ne veut ne pas tout mélanger et écraser les perspectives historiques.

 

LES SEPT RESPECTS (CAPITAUX). 

1) La logique sera perceptible visuellement : on trouvera autant de "parties que d'axes d'étude (deux ou trois) et, dans chaque partie, des paragraphes (deux ou trois).

Paragraphes et parties offrent a la fois une disposition matérielle, mais aussi présentent une logique de la pensée par les étapes qu'ils laissent entrevoir. Un devoir bien équilibré présentera, par exemple, trois parties de chacune trois paragraphes, sans disproportions flagrantes.

2) La typographie demande que les parties soient séparées entre elles par une ligne sautée et que chaque partie commence par un alinéa, c'est ainsi qu'on appelle le blanc laissé par le renfoncement en début de ligne). Chaque partie sera composée de plusieurs paragraphes (sinon elle est réduite à un paragraphe !)

Tous les paragraphes commencent par un alinéa, le fameux blanc en début de ligne. Attention, on ne passe pas de ligne entre chaque paragraphe comme on le fait entre chaque partie.

N.B. Les deux mots « alinéa » (ligne en retrait) et « paragraphe » (passage compris entre deux lignes en retrait) sont souvent pris pour des synonymes. En revanche, on ne doit pas confondre « paragraphe » et « partie » (texte précédé d'une ligne sautée et suivie d'une ligne sautée).

 

3) la logique des idées sera nette à la lecture : annonce de l'idée directrice au début d'une grande
partie et phrase de transition à la fin. Cet enchaînement de partie à partie doit être sensible aussi
entre les paragraphes, afin que l'on sente une progression des idées dans chacune de ces unités,
comme dans l'ensemble de la synthèse. On n'oubliera pas les articulations logiques, qui, au même
titre que la disposition en paragraphes, rythment la démonstration.

4) Chaque paragraphe est centré sur une idée commune à plusieurs documents.

 À tout le moins chaque partie ! La synthèse implique la circulation d'un document à l'autre à chaque étape de la progression et non le résumé successif des documents. Cf. Les sept péchés capitaux.Chaque grande partie propose la confrontation de tous les documents, mais on peut en traiter par exemple deux dans la première sous-partie puis deux dans la seconde

5) Cette progression des idées s'appuiera sur la confrontation des documents, c'est-à-dire l'examen de leurs convergences et de leurs divergences. D'où le rôle fondamental des références et l'exigence de ne pas les donner sous la forme d'un simple numéro de documents, mais de respecter, selon les cas, la mise entre guillemets ou le soulignement des titres. N.B. : On n'indique jamais les lignes, comme cela se fait dans un commentaire composé, au baccalauréat, par exemple.

6) Dans la synthèse, les idées n'appartiennent pas au candidat puisqu'il s'appuie constamment sur les documents pour justifier celles qu'il avance. 

 7) La reformulation est donc la clé de l'exercice, même si on admet la citation d’expression sans
équivalent .  Cette reformulation doit témoigner de la compréhension des documents. Elle sait éviter l'erreur d'interprétation et exclure le manque d'objectivité, pour arriver à conceptualiser.

C'est en dépassant- par l'abstraction la simple conformité à la pensée d'un auteur que l'on  arrive à la   concision : le moins de mots, mais le plus de sens. Cf. Longueur du devoir.

LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX

 

  • Oublier de se référer aux documents.
  • Formuler ainsi les références : (document 2) ou (doc. 2).
  • Indiquer le numéro des lignes ou des vers à titre de référence
  • Ouvrir les guillemets et citer les textes
  • Bâtir une partie à partir d'un seul document ou, à l'inverse, ne pas utiliser une seule fois un
    document de toute la synthèse : tous les documents doivent être exploités, ce qui n'implique pas un
    traitement égal pour tous.
  • Proposer une suite de résumés (différents de l'addition de chacun des documents dans chaque partie) ou un montage de citations.
  • Confondre les exercices par ignorance des règles de la synthèse et faire soit une dissertation, soit un commentaire littéraire ou une explication de texte, etc.
  • Faire une paraphrase des documents ou une simple citation déguisée (plagiat ? tricherie ?), parfois longue, sans guillemets ni référence d'auteur ou de document.
  • Donner une opinion personnelle (cf. « une synthèse objective » id est « le dossier, tout le dossier, rien que le dossier »).
  • Ne pas respecter l'orthographe des noms d'auteurs, des titres ou des mots rares (ou pas !) donnés dans les documents.
  • Rédiger sans soin : orthographe fautive ou vocabulaire imprécis ou syntaxe bancale; écriture illisible ;   débauche   d'effaceur      d'encre   de   liquide  plâtreux,   etc. ;   composition   du   devoir n'apparaissant pas avant même la lecture de celui-ci, par la simple mise en page, avec des pavés d'une page ou, à l'opposé, une foultitude de versets...

3) CONCLUSION OBJECTIVE

  •  Marquée aussi par un alinéa.
  • C'est la synthèse de la synthèse. En cinq lignes  maximum elle fait le bilan du développement en s'efforçant de ne pas simplement en résumer les étapes, mais de donner la tonalité générale du dossier. Il n'y a pas d' « ouverture », puisque ce serait être « hors dossier », hors sujet...

LONGUEUR TOTALE DE LA SYNTHÈSE

Quatre pages est la longueur communément avancée ; avec une tolérance de cinq pages, si celles-ci sont pertinentes et bien rédigées, (syntaxe .vocabulaire, orthographe.).

 

 

 

 

Le tableau synoptique : méthode et intérêts

e travail est le plus difficile mais sans doute aussi le plus précieux pour votre synthèse. Le tableau sert à comparer les idées des différents documents. C’est aussi grâce à ce support que vous pourrez dégager les pistes de réflexions. Ces dernières à leur tour constitueront les principales sous parties de votre devoir rédigé et seront indispensables pour construire un plan détaillé afin de répondre à la question posée (la problématique) 

 

  Faire tableau -> dégager pistes de réflexion -> organiser sous-parties du devoir -> trouver parties de la synthèse -> construire plan  

Pour réaliser le tableau, prenez l’intérieur d’une feuille double en format paysage.   

Il faut compter une colonne par document étudié et une colonne à droite pour dégager les pistes de réflexions. Chaque colonne doit être renseignée du nom de l’auteur, du titre de l’ouvrage, de la date de parution et de la nature du document (article, extrait de poème, affiche publicitaire…)

 Quand il s’agit d’un article de journal, nous vous rappelons que le titre est celui de l’article. Mais la source intégrale indique également le support dans lequel l’article a été publié. Ex : Marc BERTRAND, « Les abeilles en péril » in Géo, Août 2006, article de magazine.

Soyez attentifs aux graphies des noms propres. Si vous ne les recopiez pas bien dans votre tableau, vous risquez de reprendre l’erreur dans votre synthèse, ce qui n’est pas acceptable !

Un code couleur pour la convergence, la divergence et la complémentarité n’est pas inutile.   

Le tableau se présente de la façon suivante :  

 

Doc 1

Doc 2

Doc 3

Doc 4

Pistes de réflexion

Titre

Auteur

Date

Nature du doc

Titre

Auteur

Date

Nature du doc

Titre

Auteur

Date

Nature du doc

Titre

Auteur

Date

Nature du doc

 

 

Position +

Position -

Position ≈

 

Idée 1 :

 

 

 

 

Idée 2 : …

 

 

 

 

 

 Tous les documents doivent être pris en compte. Il ne faut faire l’impasse sur aucun d’eux. Les tableaux statistiques comme les documents iconographiques doivent être exploités de la même façon que les documents textuels.

Les pistes de réflexion dégagées constitueront, nous l’avons dit, les grandes sous-parties de votre synthèse. Chaque comparaison d’idées (donc chaque ligne dans votre tableau aboutit à une piste de réflexion. Celle-ci est l’idée directrice, synthétique des différentes idées des documents.

Exemple:

Doc 1

Doc 2

Doc 3

Doc 4

Pistes de réflexion

Description de la laideur de Quasidmodo

Le monstre est difforme

Ø

Les peintres s’intéressent aux monstres pour leur laideur

Le monstre est un être disgracieux

 

Tous les documents ne développent pas nécessairement les mêmes idées. Il se peut qu’une idée que l’on retrouve dans trois documents ne soit pas du tout abordée dans le quatrième.

Formulez toujours clairement vos idées dans les cases du tableau sous la forme d’une phrase complète ; même chose pour la piste de réflexion. Ces phrases pourront être réutilisées elles quelles dans votre devoir. L’effort de formulation sera alors moindre : tout sera déjà ou presque dans le tableau.

Plus vous aurez dégagé de pistes de réflexion, plus votre devoir sera riche. Le plan de la synthèse consistera simplement à organiser les pistes de réflexion, à les rassembler au sein de grandes parties. N’oubliez pas que le but recherché est de proposer une réponse à une question posée. 


Source de ce document : sur https://www.intellego.fr/soutien-scolaire-bts/aide-scolaire-francais/bts-synthese-de-doc-4-7-le-tableau-de-confrontation-/31574#RLSZdvY4RrvIslwj.99

Auto évaluation de ma synthèse de documents

 

 

Répondre aux questions suivantes :

 

 

OUI

NON

 

Mon introduction comporte-t-elle :

 

  • En premier lieu l’annonce du thème commun aux documents du corpus ?
  • En seconde lieu la formulation interrogative d’une problématique inventée ?
  • En dernier lieu l’annonce claire de mon plan ?

 

Mon développement :

 

  • Chaque partie est-elle annoncée par une phrase verbale clairement détachée du texte ?
  • Chacune de mes parties comporte-t-elle au moins deux sous-parties présentées sous la forme de paragraphes ?
  • Chaque paragraphe confronte-t-il au minimum 2 documents sur une même idée ?
  • Mon plan correspond-il à ma problématique ?
  • Ai-je utilisé des connecteurs logiques entre chaque paragraphe de mon développement ?
  • Ai-je bien utilisé tous les documents du corpus ?
  • Ai-je bien reformulé les idées essentielles des documents sans les déformer  ?
  • Ai-je bien attribué une source à chaque idée utilisée ?

 

La forme et les codes de présentation de mon développement :

 

  • Est-ce que j’ai bien, dès chaque première utilisation d’un document, fait sa complète présentation ?
  • Est-ce que j’ai bien souligné tout ce qui est en italique dans la consigne listant les documents ?
  • Est-ce que j’ai bien mis entre guillemets tout ce qui est entre guillemets dans cette même consigne ?
  • Ai-je utilisé un vocabulaire approprié ?
  • Ai-je formulé des phrases correctement construites ?
  • Ai-je bien ponctué mes phrases pour me faire comprendre de mon lecteur?

 

Ma  conclusion :

 

  • Rappelle-t-elle en les résumant  les points principaux de mon développement ?
  • Apporte-t-elle une réponse à ma problématique de départ sans exprimer des idées non présentes dans le corpus ?

 

 

     

 

Bilan : ( à faire sur une feuille à part et à rendre avec la grille ci-dessus complétée accompagnée de votre copie d’épreuve blanche)

 

Exemple de synthèse sur le thème " Générations"

                De nos jours, de nombreux films publicitaires représentent des grands-parents s’occupant de leurs petits-enfants et jouant avec eux. Or, ces images s’inspirent et témoignent d’une réalité sociale. En effet, deux articles récents, l’un extrait de l’Express et l’autre du Magazine de la Caisse d’Allocations familiales, étudient dans les détails la nature des relations qu’entretiennent les grands-parents avec les jeunes générations. Ces propos sont illustrés par deux poèmes de Victor Hugo et par la première de couverture d’une bande dessinée. Nous allons ainsi nous interroger sur la place particulière qu’occupent les grands-parents dans la famille. Pour cela, nous adopterons le point de vue économique et social, puis nous envisagerons les aspects psychologiques avant de définir le rôle moral et philosophique joué par les grands-parents.

                La solidarité des grands-parents à l’égard des plus jeunes se manifeste d’abord par leur présence aux côtés des petits-enfants. En effet, ils prennent le relais quand les parents ne peuvent pas s’occuper de leurs enfants. Ainsi, Florence Wagner (« Vies de famille », Magazine de la CAF, octobre 2009) explique que cette fonction est une conséquence des évolutions sociales et des difficultés économiques que rencontrent les parents : séparations entre les parents, absence de la mère qui travaille ou prix trop élevé des gardes. La journaliste précise encore que les grands-parents jouent ce rôle parce qu’ils sont en bonne santé. La première de couverture de la bande dessinée de Grenon et Goupil (Le guide des grands-parents) qui représente un couple de grands-parents jouant aux indiens avec ses petits-enfants illustre très bien cette idée. De même, Victor Hugo, auteur des deux poèmes (« Georges et Jeanne » et « Les enfants gâtés », L’Art d’être grand-père, 1877), a pris en charge son petit-fils, Georges, et sa petite-fille, Jeanne après le décès de leurs parents. Si cette forme de solidarité est aussi évoquée dans l’article de L’Express (L’Express 3046, 19 au 25 novembre 2009) C. Chartier et V. olivier qui s’appuient sur un sondage réalisé par l’EGPE nuancent et précisent toutefois que de nombreux grands-parents considèrent souvent cette tâche comme ingrate

     Bien plus, les grands-parents assurent un soutien financier aux enfants ou aux petits-enfants. Les deux articles de presse précisent, en effet, que les seniors disposent d’assez d’argent pour pouvoir alléger les charges qui pèsent sur leurs descendants. Selon Florence Wagner, les grands-parents aident les enfants pour l’achat de leur maison et ils versent de l’argent aux petits-enfants afin de financer leurs études. Les journalistes de L’Express ne mentionnent pas le soutien financier des seniors aux enfants, mais ils précisent assez longuement les formes que peut prendre l’aide financière accordée aux petits-enfants. On apprend notamment que les contributions peuvent être ponctuelles ou régulières. Et, dans ce dernier cas, il s’agit d’un moyen de léguer de son vivant son patrimoine sans que l’Etat ne prélève des impôts sur la succession. Les grands-parents occupent ainsi une place importante dans la famille. Ils assurent souvent la garde des petits-enfants et soutiennent financièrement les jeunes générations. Mais leur rôle ne s’arrête pas là. Ils sont aussi un relais dans les relations affectives entre les membres de la famille.

 

                Les grands-parents sont surtout un  relais affectif. En effet, de nombreux petits-enfants entretiennent avec leurs grands-parents des relations de complicité, surtout quand les familles se divisent. Le grand-parent complice F. Wagner insiste sur l’attachement particulier qui lie les jeunes générations à leurs aînés et l’auteur note que cela se poursuit jusqu’à l’âge adulte. L’article de l’hebdomadaire n’insiste pas sur cet aspect mais, dans l’encadré qui recueille les paroles de certains aînés, on lit le témoignage de Jeanne rapportant les paroles de son petit-fils. Ce dernier souhaite qu’elle vive encore longtemps. Les poèmes de Victor Hugo, eux aussi, témoignent parfaitement de cette relation particulière entre les deux générations. Le poète se décrit, en effet, comme un grand-père attendri par Georges et par Jeanne. Prêt à tout pour eux, il accomplit des actes aussi sacrilèges que chercher des pots de confiture en haut de l’armoire. Le dessin de la première de couverture de la bande dessinée donne lui aussi à voir la complicité qui se noue entre petits-enfants et grands-parents : les jeunes enfants, avec l’air complice et moqueur de la grand-mère, s’amusent d’avoir attaché à l’arbre le grand-père.

                 Une relation privilégiée est aussi ce qui détermine l’apport des grands-parents. Mais ces liens deviennent encore plus forts à l’adolescence. Selon le psychanalyste interrogé pour l’article de la CAF, quand les jeunes s’opposent à leurs parents et qu’ils se détournent de ces derniers, ils vont trouver refuge auprès de leurs grands-parents. Le dessin de la première de couverture n’évoque pas explicitement ces liens privilégiés qui unissent les deux générations mais le triangle situé à gauche précise que la bande dessinée n’est pas destinée aux parents. Cela montre bien qu’une relation particulière se noue entre les aînés et les plus jeunes. 3) Un socle affectif Et ces liens s’intensifient encore quand la famille est éclatée. Les bouleversements familiaux, dus par exemple à des séparations, bien loin de les distendre, renforcent les relations entre les petits-enfants et leurs aînés. F. Wagner explique que ces derniers assument la continuité familiale et qu’ils deviennent les garants des liens de parenté pour les jeunes générations. Dans un tout autre contexte, la famille de Jeanne et Georges a aussi éclaté à cause de la mort de leurs parents. Et Victor Hugo, le grand-père, a pris le relais. Le grand parent apparaît donc bien comme un relais affectif permettant aux jeunes générations de trouver de la stabilité quand les familles éclatent.

                 

 

                 Ils constituent enfin  un repère historique et moral .En effet, les grands-parents témoignent d’une histoire familiale, sont les porteurs des changements de la société et les passeurs de valeurs éthiques et philosophiques. La transmission d’une histoire Les grands-parents incarnent d’abord le passé. Victor Hugo a bien conscience qu’il n’appartient pas à la même époque que Georges et Jeanne. Il insiste sur son grand âge et utilise les métaphores de l’aurore et du crépuscule pour dire combien le temps le sépare de ses petits-enfants. En représentant le passé, les grands-parents racontent aux petits-enfants leurs origines et leur histoire familiale, ce qui participe, comme le précise l’article du magazine de la CAF, à la constitution de l’identité. Ce rôle est certainement suggéré par la première de couverture de la bande dessinée si on en fait une lecture symbolique : le grand-père attaché à l’arbre représente le passé, les racines familiales autour duquel tournent les enfants, c’est-àdire les jeunes générations. C. Chartier et V. Olivier rappellent, eux aussi, que les aînés transmettent la mémoire de la famille mais, d’après le sondage, de nombreux parents souhaiteraient que les grands-parents endossent encore davantage ce rôle. Les deux articles précisent, par ailleurs, que les grands parents ne transmettent pas seulement une histoire intime mais qu’ils sont aussi les mémoires vivantes de la société et de ses évolutions.

                 La transmission d’une éthique est aussi un des rôles qui leur est dévolu. En incarnant la mémoire familiale, les aînés transmettent aussi des valeurs morales. A ce propos, l’article de la CAF explique que les grands-parents enseignent à leurs jeunes descendants des principes éthiques comme le respect d’autrui et le sens du partage. D’ailleurs, selon l’étude réalisée par l’EGPE et publiée dans L’Express, cette mission est primordiale aux yeux des grands-parents et cette attitude est, par exemple, illustrée par Victor Hugo qui, à la fin du poème « Les enfants gâtés », apprend à ses peitits-enfants le sens du partage. 3) Un art de vivre En définitive, les grands-parents, plus encore que des valeurs morales, cherchent à initier les plus jeunes à un art de vivre, une sorte de philosophie. L’extrait de l’Express révèle qu’ils veulent communiquer aux jeunes générations leur appétit de la vie et qu’ils prônent le développement de soi. Cette idée apparaît moins clairement dans l’article de F. Wagner. La journaliste fait néanmoins remarquer que les aînés tentent de développer chez les jeunes générations une prise de conscience, voire une philosophie, du temps qui passe. Il ne s’agit donc pas seulement pour les aînés de transmettre un héritage mais ils ont aussi à cœur de donner une leçon de vie

 

                 Dans nos sociétés modernes, les grands-parents ne sont donc plus de lointains aïeux remisés dans le passé familial. Ils occupent une place centrale au sein des familles. En plus d’apporter une aide matérielle, ils entretiennent des relations privilégiées avec les plus jeunes générations : ils les enracinent dans un héritage historique et moral en même temps qu’ils les ouvrent à un art de vivre au présent.

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